La clôture des
marchés américains
POUR DEUX CENTS,
LE MONDE CHANGEA D'AME
Avec $1.48 par action, IBM surpasse les
prévisions des analystes de 2 cents par action. La
réaction est foudroyante avec une hausse de +12% en
clôture, comptant pour près de la moitié
des 93 points de gain du Dow. Cette bonne nouvelle a aussi
contribué à une bonne partie de la hausse du
Nasdaq en entraînant les autres valeurs informatiques
(surtout les semiconducteurs et les
matériels).
Alors Big Blue surpasse les
prévisions, où est le
problème?
Ce n'est pas tant les deux cents, mais
plutôt que cette nouvelle va modifier l'état
d'esprit des opérateurs pour l'avenir. IBM a
annoncé qu'ils étaient confiants quant
à la réussite de leurs prévisions pour
2001 de $4.99 par action; et surtout, qu'ils attendaient
toujours une forte croissance pour l'année. Ainsi,
pour la première fois depuis des mois, certains
signes montrent que Wall Street regardent les conditions qui
entourent le ralentissement et non plus uniquement le
ralentissement., en se disant: "Après tout ce n'est
pas si mauvais que ça".
Ainsi, le premier résultat de
cette observation est que la psychologie des
opérateurs est en train de se modifier
profondément. Les entreprises ayant
annoncé aujourd'hui de mauvais résultats ont
bien performé sur la séance si leur vision de
leur avenir était positive (AMD - 2 cents et +20% sur
prévisions optimistes). A l'inverse, les
entreprises informant de leurs difficultés de
l'année à venir mais surpassant les analystes
dans leurs résultats actuels étaient vendues
(ex: Caterpillar plongeant de 7% après avoir battu
les anlystes de 12 cents mais annonçant des
difficultés pour 2001).
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En ce début d'année 2001, il est bon de se
pencher sur ce que pourra être le crû 2001 en
matières de marchés financiers. Il s'agit de
savoir, d'une part, si l'année 2000 n'aura
été qu'une pause, une saine réaction,
après plus de quatre années de forte hausse,
ou bien, si, au contraire, comme commencent à le
murmurer, ci et là, les pessimistes (revenus en force
sur le marché et les medias) nous serions au bord
d'un des plus grands marchés baissiers du
siècle (enfin... de l'autre...).
Plutôt que d'élaborer des théories
compliquées, d'échafauder des plans plus
alambiqués les uns que les autres, il s'agit surtout
d'essayer de comprendre quels sont les
événements qui donneront des envies d'acheter
aux investisseurs et quels événements les
pousseront à fuir les marchés.
Trois éléments principaux vont
déterminer la conjoncture boursière de
l'année 2001: il s'agit de la croissance (croissance
américaine et croissance européenne), de la
politique des taux des deux côtés de
l'atlantique, et des résultats des entreprises. Nous
pouvons aussi en citer deux autres: l'évolution
conjointe de l'euro et du dollar et le prix du baril de
pétrole. Ces deux derniers
éléments étant susceptibles de venir
influencer la croissance. Enfin un dernier
élément, auto-générateur: il
s'agit tout simplement, du comportement des marchés
financiers. Que les marchés continuent à
plonger et les risques systémiques (bancaires
notamment) pourraient menacer sérieusement la
croissance et faire voler en éclat le cercle vertueux
de la croissance.
Reprenons chaque point:
D'un point de vue
macro-économique
La croissance: elle suscite une double
interrogation. La première interrogation
concerne les Etats-Unis: soft-landing ou hard-landing.
Simple ralentissement de la croissance ou entrée en
récession. L'évolution des marchés
américains dépendra beaucoup de la
réponse à cette question. Il faudra donc
s'attacher à suivre attentivement les indicateurs de
conjoncture américains. Attention aux premiers
signes de récession. En principe, si l'on veut
croire au soft landing, nous pouvons considérer qu'il
a déjà eu lieu, et que donc, les prochains
indicateurs (premier et deuxième trimestre) devraient
commencer à se relever. Dans le cas inverse,
c'est le scénario noir qui se mettrait en
place. La deuxième interrogation concerne
l'europe et son indépendance économique
vis-à-vis des Etats-Unis. La question est la
suivante: l'Europe peut elle continuer à
accélérer sa croissance et son
développement alors que les Etats-Unis
ralentissent. La réponse la plus probable est
positive. La nuance est à placer du
côté de la force du ralentissement
américain. En cas de dérives trop fortes,
nous serions immanquablement entraîné. En
cas de simple ralentissement, nous devrions poursuivre notre
bonhomme de chemin, sans excès, avec nos moyens.
Donc, nous pouvons en déduire que l'indicateur le
plus suivi par les opérateurs ce premier trimestre
sera celui de la croissance américaine (et ses
indicateurs avancés) tant il conditionnera l'avenir
des marchés financiers des deux côtés de
l'atlantique.
La politique de taux: Les opérateurs
attendent une baisse des taux aux Etats-Unis (dès le
30 janvier) et en Europe (courant premier
semestre). L'ampleur de la baisse à venir
conditionnera les primes de risque liées aux actions
et donc leur attractivité. Méfiance
cependant, dans un contexte de psychologie très
défavorable (nous y sommes en plein dedans) une
baisse des taux plus rapide qu'anticipée par les
opérateurs pourrait faire déraper les
marchés (voire les affoler Cf le biais négatif
du dernier FOMC et les commentaires de Greenspan)
D'un point de vue
micro-économique
Les résultats des entreprises: Quelque soit
le résultat final de l'année, il est
très probable que 2001, présente un retour
fort aux fondamentaux. Les enteprises vont être
scrutés à la loupe par les opérateurs
et leurs résultats, après en avoir
échaudés beaucoup (notamment aux Etats-Unis),
seront épiés longuement. Le stop-picking
devrait revenir à la mode et la gestion indicielle
perdre de son intérêt.
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